Nager dans le plaisir!

À 18 reprises l’an dernier, six élèves de 7 à 10 ans ont fait le trajet Saint-François-Xavierde-Brompton/Sherbrooke pour bouger et apprendre… dans l’eau! Un défi de taille lorsqu’on sait que ces enfants sont tous atteints d’une déficience intellectuelle moyenne et de certaines limitations physiques; deux sont d’ailleurs en fauteuil roulant.

« On parle souvent de persévérance scolaire, mais ces jeunes en sont de très beaux exemples : on n’imagine pas à quel point ils doivent déployer beaucoup d’efforts pour atteindre leurs objectifs », nous rappelle la directrice de l’école l’Arc- en- Ciel, Julie Dépelteau.

L’idée de leur offrir des cours de natation est née en 2012. « Chaque fin d’année, l’enseignante titulaire de cette classe accueille les élèves chez elle où ils peuvent se baigner. C’est ainsi qu’on a remarqué à quel point ils aimaient cette activité. On s’est donc dit que des cours de natation pourraient être fort appropriés. Ne restait plus qu’à trouver une piscine prête à nous accueillir gratuitement pour un cours d’une heure aux deux semaines », explique Mathieu Lajeunesse, enseignant en éducation physique.

Ce sont finalement les Résidences Soleil de Sherbrooke qui ont donné accès à leur piscine le vendredi matin. Sous la supervision de Mathieu, d’une technicienne en éducation spécialisée, d’une personne préposée aux élèves handicapés et du sauveteur, les jeunes y ont appris les rudiments de la natation. « Pendant environ 30 minutes, nous faisions différents jeux dans l’eau genre aquaforme, puis on laissait autant de temps aux jeunes pour faire ce qu’il leur plaisait. Je prenais aussi au moins 5 minutes par jeune pour lui montrer à nager. »

L’un des objectifs du cours était de les initier à l’activité aquatique et à la sécurité nautique (afin qu’ils soient bien conscients des dangers et des règles à suivre). On a également favorisé leur acclimatation dans l’eau (retenir son souffle, mettre la tête dans l’eau, etc.) pour qu’ils s’y sentent à l’aise et apprécient davantage les moments de baignade. « Durant l’été, chez eux ou ailleurs, ils ont l’occasion de se baigner et de savoir quoi faire est évidemment un plus pour eux. Ce que nous visons notamment à l’école, c’est de favoriser leur autonomie dans leurs tâches quotidiennes. »

Pour ces jeunes dont plusieurs, en vieillissant, connaissent de plus en plus de rigidité musculaire, de se retrouver dans l’eau a eu de nombreux impacts positifs. « Ça change complètement leur façon de bouger, elle est plus libre, plus fluide, ils ont moins peur de tomber. Les muscles et les tendons s’assouplissent, ça leur fait un grand bien physiquement. Un des élèves qui est en fauteuil roulant devient autonome dans l’eau avec des flotteurs : c’est un beau sentiment de liberté! Ça crée même davantage de proximité entre nous, sans les fauteuils roulants, on peut les prendre dans nos bras, il y a plus d’aisance dans les mouvements », remarque Mathieu Lajeunesse.

L’expérience fut si bénéfique qu’on souhaite en faire une tradition. « Nous avons travaillé fort à la fin de la dernière année scolaire pour diversifier les sources de financement. La Fondation Christian-Vachon nous donnera notamment un coup de main », souligne Julie Dépelteau.